Je me présente

Je m'appelle Sophie. J'ai 42 ans. Je suis atteinte de troubles bipolaires, de troubles dysthymiques et de spasmophilie.

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Jeudi 21 février : une journée sans surprise et tant mieux !

Ce matin, mon niveau d'anxiété était très élevé, car J'avais RDV avec ma psychiatre, qui a validé mon retour à Expersona dès lundi prochain. Me voilà soulagée !

J'ai enchaîné avec mon cours de chant. Ca faisait longtemps que je n'avais pas travaillé autant une chanson (Rue de la paix de Zazie). Le travail a porté ses fruits. 1ère "prise" et tout roule. Quel soulagement et une petite fierté pour mon amour propre. J'ai ressenti un peu de soulagement et de sérénité une fois rentrée à la maison. Bon, comme tout bipolaire qui se respecte, cela n'a pas duré longtemps (1h00 grand maximum) avant que mon anxiété retrouve sa place.

Quoi qu'il en soit, ce fut une bonne journée, bien remplie. La nuit s'annonce reposante.

 

Dimanche 25 février : c'est l'angoisse

J'ai passé une très mauvaise nuit. Je reprends le travail demain. Même si je sais que l'équipe sera contente de me voir, mon niveau d'anxiété augmente au fur et à mesure que les heures s'écoulent. J'essaie de me changer les idées, de penser à autre chose, mais c'est peine perdue je pense. Heureusement, grâce à ce blog, je peux mettre des mots sur mes maux et cela me soulage quelque peu.

Mercredi 28 février : la descente aux enfers

Nous sommes déjà mercredi soir. Ce qui veut dire que j'ai réussi à tenir bon au boulot et ce n'était pas chose facile !

Pourquoi ! Et bien à mon retour d'arrêt maladie (lundi donc), convocation du directeur de ma structure et de mon responsable de bon matin.

Le directeur a fait faussement semblant de s'inquiéter de ma santé, avant d'en arriver aux choses sérieuses.

Et oui, il ne fait pas bon être travailleur handicapé à  mon boulot, car, pour ma part et au vue de mon handicap, il m'arrive d'être en arrêt de travail (3 fois en 4 ans). Et ça, ça ne passe pas auprès du directeur. En effet, selon lui, je mets l'équipe en péril. Je le vois venir le directeur...

Mon poste n'est pas assez exploité selon lui (du chiffre du chiffre du chiffre!!!!). J'ai tenté de faire entendre ma voix : un client très exigeant qui nécessite un traitement administratif complexe et long par exemple. A lui de me rétorquer : peut-être mais nous sommes loin des résultats financiers escomptés. Mon responsable ne bronche pas, bien que la partie financière le concerne plus que moi. Et quand j'ai eu le malheur de parler de mon travail sur les réseaux sociaux et le nouveau site internet... Ah lala, qu'est-ce que je n'ai pas fait là ! Toujours selon mon directeur, ça ne me prend pas beaucoup de temps vu le nombre de posts à l'année. Quant au site internet, je suis persuadée qu'il n'y a jamais jeté un coup d'œil. Et puis ça ne génère pas de chiffre, alors, à quoi bon !

Arrive le coût de grâce... Mon poste n'est pas assez exploité, mais ce qu'il a sous-entendu est horrible. Je suis le boulet, car je ne peux pas faire plus.

J'ai bien compris où il voulait en venir : me voir quitter mon poste. Ce fichu directeur a "eu un geste pour m'aider" en me proposant un mi-temps à l'accueil de son autre association : répondre aux appels téléphoniques, gérer le courrier, tous les jours... pas de polyvalence, rien. Je ne dénigre pas ce poste. Mais pour le coup, avec mon bac +5 (même si j'ai été diplômée il y a pas mal d'années), cette proposition m'humilie, me mets en colère - rassurez-vous, je n'ai rien laissé paraître car je me contrôlais sur les larmes prêtent à couler le long de mes joues- . Sur le coup, j'ai demandé à y réfléchir. J'étais tellement abasourdie ! L'entretien s'est terminé ainsi.

Je suis choquée, sans voix et m'écroule dans les bras d'une de mes collègues. Je suis sur la sellette, une belle épée de Damoclès au -dessus de ma tête. J'avais l'impression d'être en fin de journée, vu mon état de fatigue psychologique. Mais non, il était seulement 10h00. En 1 heure, j'ai plongé dans un cauchemar qui ne fait que commencer.

Le reste de cette journée a été ponctuée de grosses larmes.

Mais cerise sur le gâteau, j'avais oublié que j'avais une réunion CSE le lendemain matin, avec qui ? Et bien avec le directeur pardi ! Ma suppléante était là et tant mieux car je n'avais pas eu le temps d'envoyer un ordre du jour étant revenu la veille. "vous auriez pu prendre le temps de m'envoyer votre ordre du jour quand même" dixit le directeur. Ma suppléante, quant à elle, avait noté quelques points (mais ne m'en avait pas parlé). Alors, je les ai laissés parler et pris des notes pour le compte-rendu. A quoi bon, de toute façon je suis un boulet après tout !

A la fin du cette réunion, j'annonce au directeur que je refuse sa proposition et lui de me répondre : de toute façon, j'ai vu ça avec untel (je ne souhaite même pas que son nom soit visible sur mon blog), ce poste serait trop stressant pour vous car il y a beaucoup d'allés et venus et beaucoup de sollicitations de droite et de gauche... Etrange, car j'ai eu l'impression qu'il décrivait parfaitement mon poste à l'accueil de l'asso.

Je m'arrête là pour aujourd'hui. J'ai une grande décision à prendre, alors à très vite ! 

Fin de week-end : quand l'angoisse monte

Dimanche début de soirée, j'ai un nœud dans le ventre. Une nouvelle semaine m'attend, une semaine de travail que j'appréhende tellement !

Si je reste naturelle, l'équipe saura tout de suite que je ne vais pas bien. Même si tout se lit dans mes yeux, je vais poser une grosse couche d'anticerne et de poudre matifiante. On ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher ! En ce qui concerne le sourire, cela va s'avérer plus compliqué. "Bonjour Sophie, ça va ?" "oui oui :-)". 

Double appréhension du coup. 

Heureusement j'ai passé un week-end reposant, sans grasse mat' pourtant... J'ai la tête pleine de réflexions sur la décision que je vais prendre et tout ce qui l'accompagne. Du coup, rien de tel que de chanter pour s'échapper de mon quotidien quelques heures. J'ai une magnifique chanson à travailler : "ta peine" de Lara Fabian, une Lara Fabian qui ne "gueule" pas. C'est tout en douceur et pourtant le texte peut être rude. L'art et la manière de lier un son avec un texte.

Bon, j'ai encore un peu de travail pour raconter cette chanson en chantant, l'interprétation en somme. Trouver l'intention et j'atteindrai mon objectif. Chanter est tellement salvateur. J'oublie tout, je m'applique et me concentre car cette chanson, je ne la connaissais pas il y a 2 semaines. Je suis dans ma bulle, et ça fait du bien.

A présent, je vais composer avec mon anxiété ce soir et demain et mardi etc.

A très vite.

Mercredi 06 mars : encore tenir, toujours tenir

J'ai reçu ma convocation à la médecine du travail. Le RDV est prévu le 04 avril. Bon sang, dans un mois ! Je ne tiendrai pas jusque là. J'utilise mes forces et ma volonté tous les jours depuis mon retour d'arrêt de travail. Je suis épuisée, psychologiquement surtout.

Donc, je sais que je ne tiendrai pas jusqu'au 04 avril prochain. Alors, quoi faire ? Je ne veux pas être un caliméro. Du coup, j'ai décidé de prendre les choses en main, à mon niveau du moins. Je me suis lancée et j'ai sollicité un RDV avec le directeur. J'ai fait ma demande via son assistante lundi. Nous sommes mercredi et j'attends toujours sa réponse. Même pour un simple RDV, j'ai le sentiment que le directeur joue avec mes nerfs. Je deviens sûrement parano... Mais on ne sait jamais. Il faut mettre un terme à tout ça !

Vendredi 08 mars : quand l'espoir revient

Ca y est, j'ai pris une grande décision. J'ai décidé de quitter ma vie actuelle, autrement dit, je quitte mon emploi et plus largement la Vendée. 

Tout s'est joué ce matin. RDV pris avec mon super directeur à 9h00. Je ne vous cache pas que mon niveau d'anxiété a atteint des sommets ! Heureusement comme tout bon bipolaire, j'ai beaucoup de médicaments à ma disposition, y compris mon indispensable anxiolytique. Allez hop, un cachet, un verre d'eau et les tremblements de mes mains se calment suffisamment pour ne pas être remarqués.

Donc, j'arrive au boulot, en avance, comme d'habitude et j'attends l'heure H. C'est long, c'est long, c'est long !

Et puis ça y est, il est là, le méchant directeur qui ne vit que pour les comptes de résultat. Nous nous installons en salle de réunion, face à face. Je garde la tête haute, je souris et je m'installe posément. Il prend la parole. Non non, il ne doit avoir le dessus ! Ouf, je peux rebondir sur l'un de ses arguments, et c'est parti. 

Je débite mon discours, si longtemps répété la veille. Je prends mon temps car j'ai le bégaiement facile, surtout en état de stress ! Et là je me lance. Je lui propose une fin de collaboration grâce à une rupture conventionnelle, car j'ai un projet personnel qui m'attend ailleurs. Mon directeur ne bronche pas mais sourit. Il comptait de toute façon supprimer le poste à l'accueil (le mien donc) et tenter de reclasser la salariée (moi donc). 

Il accepte sans hésitation. Je lui remets le courrier officialisant ma demande de rupture conventionnelle pour signature. Il signe, je signe et c'est acté. 

Je ne sais pas encore dans combien de temps je me libèrerai de mon emploi, mais ça va arriver. Ce sentiment de soulagement et de plénitude, quel bonheur !

La suite, et bien, je rejoins ma sœur, son mari, les enfants dans les Alpes de Haute Provence. C'est y est, je vais le faire ! Je quitte tout, encore une fois, sauf que cette fois-ci je suis entourée, bien entourée.

Ma troisième vie va bientôt commencer...

 

On ne me l'avait pas dit !

Si je vous dit 36... non, ce n'est pas mon âge. C'est le nombre de kilos pris depuis que j'ai commencé mon traitement en 2019. En 6 mois, j'ai pris 20 kilos. Aussitôt, j'ai tenté un régime à la "comme j'aime". De superbes résultats. Mais j'ai manqué de sérieux et n'ai pas suivi la phase de stabilisation correctement... Mon poids est alors remontée en flèche ! + 36 kilos. Encore une source de stress inévitable. Si j'avais su, j'aurais lu et relu les effets secondaires de chaque médicament qui entre dans mon corps. Cela m'aurait fait hésiter à prendre ce mélange de molécules tous les jours... Bon, je me suis quand même lancé dans ce nouveau combat contre la bipolarité.

Quelle saloperie celle-là. Elle s'infiltre partout, pour mieux te détruire à petit feu. Et oui, sans surprise, cette prise de poids a fini de faire exploser l'image que j'ai de moi. Ce n'était déjà pas folichon folichon. Mais là, vous imaginez bien qu'au niveau estime de soi et acceptation de son enveloppe charnelle, je suis à moins de zéro. Pas simple au quotidien, d'oublier ce corps difforme. Combien de fois ai-je pleuré après une pesée ! Alors, j'ai décidé de retenter un régime à la "comme j'aime", en meilleur et moins cher. J'ai eu mon premier RDV téléphonique avec mon diététicien. J'avoue que je savais déjà tout ce qu'il m'expliquait, mais ce n'est pas grave. Je dois y arriver ; stopper la prise de poids, et si possible commencer à perdre quelques kilos. Ben oui, 36 kilos, c'est rien du tout !

Bref, je me suis lancée il y a 3 semaines. Bilan, moins 1 kilo et pas d'effet yoyo. YES ! Le combat commence fort !

Ce que j'avais oublié en me lançant dans cette aventure de poids, c'est la date. En effet, nous arrivons à Pâques, ses chocolats et autres mignonneries à déguster. Je vais découvrir mes réactions face à toutes ces publicités qui prônent les lapins kinder, milka... Nous découvrirons cela ensemble, promis.

Lundi 18 mars : dans tous les sens

C'est une journée comme je les déteste. Heureusement ça n'arrive pas souvent !

Je n'ai pas compris moi-même ni mon comportement ni mes émotions durant cette journée. Tantôt en colère, tantôt blasée, tantôt fatiguée, tantôt susceptible. Un cauchemar dès la sortie du lit. Pour autant, je n'ai pas avalé mon anxiolytique fétiche car je voulais conserver toutes mes facultés d'action et de réflexion.

Mais quelle idée ai-je eu !!!!! J'arrive au boulot. Je sens que ça monte. Y a de la vie dans mon corps, mais une vie désagréable. Je suis en pleine crise d'angoisse. Je tremble sans pouvoir contrôler mes mouvements, je bafouille, bégaye, et ne parviens pas à m'exprimer facilement. J'ai honte. Mon humeur va dans tous les sens. Je m'en prends même à mon responsable alors qu'il n'avait rien fait. Bien évidemment, je m'excuse dans la foulée et lui explique mon état du jour. J'ai honte.

Toutes mes collègues ont remarqué mon malaise. Et oui, je ne contrôle plus rien. Une cuillère de susceptibilité, un soupçon de larmes, le tout donnant un mélange détonnant.

Mais pourquoi étais je comme ça aujourd'hui ??? Impossible de déterminer les causes car je suis sûre qu'il y en avait plusieurs. Effectivement, j'évolue dans une transition de vie. J'ai la tête pleine de to do list. Et un nouveau RDV avec mon directeur pour respecter les étapes de la rupture conventionnelle. Et là, stupeur, j'apprends que ma fin de contrat est le 19 juin, 1 mois de plus car je suis salariée protégée (qu'est ce qui m'a pris de me présenter comme déléguée du personnel!).

Bref, tous mes calculs pour établir des deadlines explosent. Je suis désabusée, paumée, épuisée. Il faut que cette journée se termine rapidement. Demain, je n'hésiterai pas une seconde à avaler mon ami l'anxiolytique si je ressens ne serait-ce qu'une des émotions que j'ai pris en pleine face aujourd'hui. Je ne parviens pas à poser des mots sur mes maux pour le coup. Comme si je n'avais pas de traitement. Une bipolaire lâchée dans la nature et qui avance tant bien que mal, plus mal que bien évidemment. J'ai honte...

Vendredi 22 mars : Prête pour un nouveau départ !

J'ai hâte que tout s'accélère. Dans ma tête, je suis déjà partie pour rejoindre ma sœur et sa famille dans la montagne.

Mais, ma to do liste ne cesse de s'allonger. La faute à Vendée Logement qui m'a envoyé une longue liste pour l'entretien de mon appart, demandant même le nettoyage de la boîte aux lettres ! Quelle aberration !

Mon pré-état des lieux est prévu pour ce mercredi. Heureusement, l'une de mes voisines sera avec moi, ce qui me rassure. Car, même un simple pré-état des lieux fait monter mon niveau d'anxiété. J'en perds le sommeil et vais retourner au boulot HS. Cette mauvaise gestion de mes émotions a vraiment le dont de m'agacer !

Bref, je ne pense plus qu'à ça, Le Lauzet, le nouveau départ, le déménagement ... 

D'ailleurs, ma psychiatre s'est montrée très positive lorsque je lui ai annoncé mon projet de nouveau départ. Elle m'encourage et m'assure que c'est la meilleure chose qui puisse m'arriver, surtout depuis que les choses se corsent pour moi au boulot.

Rien que d'y penser, j'ai cette boule d'angoisse qui revient. Rien à faire ! Même en sachant que je vais partir, je n'arrive pas à prendre assez de recul pour retourner à Expersona, l'esprit tranquille. Je dois m'accrocher car oui, je vais partir  et pour de bon !

Samedi 30 mars : tout devient concret !

Enfin, j'ai signé ma rupture conventionnelle. Il reste le délai de rétractation de 15 jours au cas où je souhaiterais changer d'avis... Bien sûr que non ! J'attends avec impatience de connaître la véritable date de fin de contrat pour poser tous mes congés et n'être que peu présente à Expersona.

Mon cœur palpite, mes mains tremblent, mais pas de frustration ou d'anxiété cette fois-ci. L'excitation de partir est bien présente, comme une phase hypomaniaque. Je dors peu, mon esprit va dans tous les sens et je ne parviens pas à canaliser tout ça. En fait, je crois bien que je suis suis en phase hypomaniaque légère. C'est presqu'agréable même si mon humeur reste chancelante. Enfin, surtout quand je suis sur mon lieu de travail. Si cela n'est pas un signe que je m'essouffle au boulot et qu'il est plus que temps que je parte ! 

J'ai assuré lors de l'entretien de pré état des lieux de mon logement. J'ai pris soin de mon celui-ci pendant près de 10 ans. Alors à part l'usure normale, tout devrait être OK. J'en oublierais presque la liste non exhaustive des tâches qui m'incombent pour rendre un appartement super clean. Cette liste inclue même le nettoyage des VMC (normalement il y a un prestataire qui intervient tous les 2 ans pour ça), celui des volets et même la boite aux lettres. Quelle aberration !

Allez, je vais me préparer car je passe le week-end chez mes parents. Cela fait un moment que je ne les ai pas vus. Nous en aurons des choses à nous raconter. La plus importante sera mon nouveau départ très certainement. 

mercredi 03 avril : le confort ou l'inconnu ?

J'ai franchi le pas. Je rends concret l'un de mes rêves d'enfant : travailler avec les animaux. Je me suis inscrite à la formation "auxiliaire vétérinaire" du centre européen de formation. C'est un virage à 180° par rapport à mon parcours professionnel. Fini les emplois de bureau, place à une nouvelle réalité ! L'inconnu...

Et là, à peine deux jours après mon inscription, appel téléphonique de Lou Riouclar l'un des plus grands villages vacances de France, à 10 minutes du Lauzet, pour me proposer un entretien en visio. J'avais un peu oublié l'envoi de ma candidature au poste de barmaid au sein de cette structure. Après avoir refusé ce poste qui me mettrait trop en danger, la RH souhaitait quand même s'entretenir avec moi pour le poste d'hôtesse d'accueil et administratif, car mon profil polyvalent l'intéressait. 

L'entretien s'est bien passé. J'ai eu davantage d'informations sur ce poste d'hôtesse d'accueil. C'est un 35h semaine, avec variations selon la saison. La polyvalence est indispensable car il y a, bien évidemment l'accueil physique et téléphonique, mais également une partie traitement administratif de la structure, et la tenue de la petite boutique de souvenirs. 

C'est un poste "confort" car hormis le secteur d'activité, c'est ce que j'ai toujours fait, accueil + administratif... En revanche, 35h semaine avec variations possibles, est-ce que je tiendrais la distance ? Est-ce que je ne présume pas trop de mes forces ? 

J'ai été transparente avec la RH (Marie, très sympa de prime abord), lorsqu'elle a posé des questions sur mon handicap. Plutôt que de décrire quelques symptômes qui m'handicapent au quotidien, je lui ai dit cash que je suis atteinte de troubles bipolaires. Je lui ai expliqué comment je fonctionne : avoir un rythme de vie structurée, notamment au niveau des horaires de travail, les coups de fatigue à cause de mon traitement, etc... Ais-je bien fait d'être aussi honnête ? Je ne voulais pas contourner la réalité d'une vie de bipolaire. Je verrai bien le résultat.

J'appréhende quand même un peu car je continuerai à suivre mes cours à distance (auxiliaire vétérinaire) tout en travaillant. Est-ce que c'est trop ce cumul des 2 ? Et puis, je ne dois pas oublier mon objectif en m'installant au Lauzet (hormis de me rapprocher de ma sœur et sa famille) : une nouvelle vie et en finir avec les emplois de bureau.

Je sens la galère arriver. Toutes ces interrogations me stressent. Tant de choix et de décisions à prendre pour cette nouvelle vie. Tant d'envie, d'énergie dépensée, d'espérance que j'ai peur de tout faire foirer. J'en saurai plus quand j'aurai le retour de Marie. Ca y est, l'angoisse est là, elle s'installe dans toutes les fibres de mon être au fur et à mesure que les heures passent. Je pense que je vais faire appel à mon meilleur ennemie, l'anxiolytique

Une réponse, un soulagement !

Un petit mail matinale m'attendait. C'est la réponse de Marie. Pas de surprise, car si j'avais le poste, elle m'aurait appelé. Mais c'est un mal pour un bien. Ce sentiment de soulagement à la lecture de ce mail est bien plus qu'un indice concernant mes choix professionnels. Je ne voulais pas vraiment reprendre une activité salariée aussi tôt. Je dois me concentrer sur mon nouveau projet : devenir auxiliaire vétérinaire. OUF !!!

Bon, il me reste quelques étapes à franchir avant cet accomplissement professionnel.

D'abord, obtenir la date officielle de ma fin de contrat ; poser le max de mes congés jusqu'à la délivrance pour ne plus me rendre au travail, hormis pour préparer un petit-déjeuner d'aurevoir ; commencer et surtout finaliser la mise en carton de mes affaires ; rendre mon logement et zou ! c'est parti. Tout cela en 2 mois. Ca paraît long dit comme ça, mais je suis certaine (et je l'espère surtout) que je ne vais pas voir le temps passer. Je ne dois pas me laisser dépasser par mes to do list, surtout pas ! Heureusement, je vais chercher mes cartons dès demain.

C'est étrange ce nouveau mélange d'émotions. Je suis à la fois motivée et impatiente pour ce qui m'attend mais également dans un stress permanent à l'idée de prendre du retard sur mes prévisions de choses à faire. Et bon sang, attendre cette date de fin de contrat !!!!

Attendre, encore attendre, un petit peu, quelques semaines, 3 semaines, dont 2 semaines en congés. Pas d'autres choix que de patienter. C'est une vertu que je me découvre ! Bientôt le fruit de mes efforts paiera...

mardi 16 avril : c'est l'enfer !

Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Je devrais être au top grâce à mes projets de nouvelle vie. Et pourtant ce n'est pas le cas. Je ne contrôle plus mes émotions, je ne dors plus, je n'ai plus de patience, plus d'envie.

C'est de plus en plus difficile de me rendre au travail. Je crois que c'est l'élément déclencheur. Je ne supporte plus d'être là-bas. Peut-être que je suis parano  mais je me sens fliquée par mon responsable. J'ai cette impression qu'il passe toujours derrière moi pour vérifier que je n'ai pas fait d'erreur.

D'une, je ne suis pas un robot, donc oui, je peux faire des erreurs. De deux, je suis assez grande et mature pour les assumer, comme je l'ai toujours fait ! Encore 3 jours avant les vacances ; ce qui me parait insurmontable tant je suis mal dans mes pompes là-bas. J'ai même failli partir en crise de nerf à cause d'un petit vieux au téléphone qui était très désagréable car je ne pouvais pas lui apporter les réponses qu'il attendait. Ca faisait un petit moment que je n'avais pas ressenti autant de colère en moi, autant d'agacement et de ras le bol. 

En plus, j'ai pris du retard dans mes révisions. Je me sens pataude dans ce nouvel apprentissage. Et oui, je n'ai plus 20 ans ! Je n'aborde pas les cours de la même façon. J'ai besoin de tout approfondir, dictionnaire en main et google image à disposition.

Bref, c'est qu'on appelle vulgairement une journée de merde. La, j'en suis à 48 heures de merdre.

Il faut que je ressorte la tête de l'eau, encore une fois. Je n'ai pas beaucoup d'énergie alors je ne suis pas certaine d'y parvenir avant les vacances. 3 jours, plus que 3 jours...

lundi 22 avril : les vacances commencent !

En vacances pour 2 semaines, je devrais me sentir détendue, soulagée de ne pas aller sur mon lieu de travail. Malheureusement, il n'en est rien.

Il y a encore beaucoup d'inconnus dans l'équation pour mettre ma nouvelle vie en route. Déjà, j'attends (encore et toujours) le RDV décisif avec l'inspection du travail. Sans ce rendez-vous, je n'ai pas la date définitive de ma fin de contrat. Je ne peux donc pas poser mes congés restants. Ce qui veut dire que je n'aurai pas d'autre choix que de reprendre le travail. Moi qui me voyait en congés en mai et juin (jusqu'à mon départ de la Vendée en fait), et bien pas du tout ! Je vais devoir retourner au boulot à la fin de mes vacances. C'est à dire début mai.

Je ne comprends pas pourquoi je suis aussi angoissée. Je me réveille tous les matin tremblotante, nœud dans le ventre et pas reposée pour un sou. Et là, qu'est-ce que je constate ???? J'ai oublié de mettre mon anxiolytique préféré dans mon pilulier. CQFD !

Ha oui, je ne l'avais pas précisé. Comme les "ptts vieux", j'ai investi dans 1 pilulier car j'ai beaucoup de médicaments à avaler par jour et le risque était trop grand de faire de mauvais mélanges. Alors toutes les semaines, je remplis mon pilulier avec mes 7 médicaments différents. Tout comme lorsque je sors de la pharmacie avec un renouvellement de médicaments, je me sens comme une toxico, mais qui a le droit de l'être car je suis encadré par le corps médical. La blague. J'en suis rendue à prendre un nouveau médicament pour stopper les effets secondaires d'un autre. 

Et oui, quand on est bipolaire et que l'on aspire à un semblant de vie normale, il faut savoir accepter les choses, faire preuve de résilience. Encore un effort psychologique. Comme si je n'en avais pas assez dans mon esprit !

 

Ce point médicament oublié étant résolu, je vais pouvoir consacrer tout mon temps à ma formation et au tri de mes affaires pour faire les cartons. J'ai aussi beaucoup de ménage à faire pour le futur état des lieux. Bon et bien ce ne seront pas des vacances reposantes. Mais comme c'est pour la bonne cause... C'est parti !!!!

Mardi 14 mai : quoi de neuf ?

Hou la la, cela fait un moment que je ne vous ai pas donné de nouvelles. En même temps, je suis pas mal occupée entre le déménagement et les cours.

D'ailleurs, en parlant des cours, j'ai réalisé mon 1er devoir, avec beaucoup de craintes car apprendre à plus de 40 ans et bien ce n'est pas évident. En plus, les 1ers cours regroupaient toute la théorie du chien, "des origines à nos jours" et idem pour le chat. Je pensais vraiment que j'allais droit dans le mur sur cette thématique ; sans parler de mes problèmes de mémoire provoqués par mon traitement. Alors, j'ai révisé, encore et encore pendant 3 semaines ! Finalement, le résultat en a valu la peine : 17,5/20. Et oui, j'ai cartonné. Heureusement car cela a boosté ma motivation !

Plus les jours passent, plus je me rapproche de mon départ. L'excitation fait place, petit à petit, à de belles crises d'angoisse. Je dors mal ou pas du tout ; j'ai des crises de tremblement où il m'est même impossible de réussir à me brosser les dents ! J'ai RDV avec ma psy ce jeudi. Alors je patiente... Mais je n'ai plus de petits cachets miracles pour me calmer. J'ai déjà vidé la boîte d'anxiolytiques. Bravo Sophie ! 

Moins de 4 semaines avant mon départ. C'est fou comme le temps passe vite ! J'ai posé mes congés jusqu'à fin mai (date de ma fin de contrat). Et j'ai bien fait, pour 2 raisons. La 1ère est évidente, je n'aurais pas eu ni la motivation ni le courage de me pointer au boulot tous les jours. Et la 2ème, c'est que j'ai fort à faire et que j'ai déjà du retard dans mon planning.

Alors, on s'accroche on s'accroche !!!

dimanche 19 mai : J-4 semaines !

Le temps passe à une vitesse ! Dans 4 semaines, j'aurai posé mes valises au Lauzet. J'ai beaucoup à faire encore. Des cartons, de la formation et surtout des aurevoirs avec mes amies vendéennes.

C'est à la fois difficile et extrêmement touchant de constater que j'ai réussi à faire ma place en Vendée. Je ne pensais pas que je serais autant émue à l'idée de partir. Je ne pensais pas non plus que je ferais de la peine à mon entourage amical vendéen. Mais, mes amies sont formidables. Elles m'encouragent dans ce projet de nouvelle vie, me rassurent, m'aident et me conseillent. Je leur en suis tellement reconnaissante ! C'est tellement plus facile ainsi !

Point cartons : le séjour, c'est fait ; le bureau, c'est fait ; le cajibi, c'est fait. Il reste la cuisine et ma chambre. Encore un peu de boulot m'attend.

Point ménage avant départ : il me reste les vitres, volets, plinthes et boîte aux lettres à astiquer. Mais avec cette pluie continue, je recule l'échéance des vitres et volets. D'autant plus que le poignée de la porte fenêtre est cassée. Donc, je ne peux plus accéder à ma terrasse via le séjour. Avec ma voisine, nous pensons qu'il y a eu tentative d'effraction. Ce n'est pas rassurant. Il faut vraiment que je parte !

Point formation : j'ai pris beaucoup de retard. Il y a tellement à faire et à programmer avant le jour J du déménagement ! Je tente par tous les moyens de rester concentrée sur mes fiches, mais rien à faire. Mon esprit s'évade dans tous les sens ! Pourtant, ce que j'apprends dans ce grand chapitre sur les comportements du chien et du chat est plus qu'intéressant. Je dois absolument me recadrer.

Point installation au Lauzet : tout s'organise à merveille. Je dois une fière chandelle à ma sœur pour tout ce qu'elle fait pour m'accueillir. Dernière top nouvelle, mon logement. Déjà, le propriétaire de l'appartement est un ami d'enfance de mon beau-frère, donc pas besoin de garant. En plus, l'appartement est totalement refait à neuf. Ca va me changer de celui de Nesmy qui tend à s'écrouler (le caisson du volet du séjour est sur le point de céder et de me tomber sur le coin du visage !). Bref, tout avance. Je gère non sans angoisse quand même.

Point RDV médicaux : j'ai eu mon dernier RDV avec ma psychiatre. Elle est très satisfaite de mon évolution et a insisté sur le fait de regarder le verre à moitié plein et non à moitié vide. Sur l'ordonnance qu'elle m'a préparée, elle a baissé la dose de mon meilleur ennemie, l'anxiolytique. A ne prendre qu'en cas de crise d'angoisse. Grrrr, c'est partie pour un sevrage fait maison. J'en suis presqu'au bout, et je n'en suis pas peu fière !

4 semaines ...

10 juin : que s'est-il passé depuis tout ce temps ?!

Cela fait un moment que je n'ai pas pris la plume pour vous raconter ces dernières semaines.

Tout s'est accéléré et c'est bien normal. Entre cartons, ménage et formation, je me suis vite sentie débordée. Pourtant ce n'était pas le cas car je respecte mon timing jusqu'à présent. Pour autant, le temps file et je stresse de plus en plus. Dans 3 jours, c'est le déménagement. Je suis impatiente et angoissée. Ce mélange d'émotions n'est pas agréable. Tous mes projets de nouvelle vie se concrétisent. C'est fou ! Et j'en suis fière. J'ai quand même préféré mettre ma formation de côté pour le moment. Question de priorité.

Tout n'est pas top pour autant dans mon corps. J'ai perdu le sommeil, ce qui n'est pas la meilleure chose qui puisse arriver, tant j'ai besoin de me reposer. Mais bon, une fois la télé éteinte, mon cerveau, qui était plus ou moins en veille, se réveille et me fait penser à plein de choses que je dois faire, préparer, trier, classer... Je croule sur les "to do list". Et finalement, il n'y a pas plus anxiogène que de rédiger des listes et des listes ! Du coup, je les ai toutes jetées. Mais niveau anxiété, rien n'a bougé. Je vais donc en refaire une seule et unique, en espérant pouvoir mieux contrôler mes émotions. Il est hors de question que j'avale un anxio comme je l'ai banni de mon traitement. Et comme je ne fais pas de crise d'angoisse, il n'y a pas lieu d'en prendre. C'est juste un état d'anxiété élevé que je dois gérer sans aide chimique. Ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour me sevrer de cette saloperie. Mais bon, c'est fait et bien fait !

Je reviens de mon week-end "Fête des fraises" à Plougastel. Cette coupure m'a fait du bien. J'ai déconnecté dès que j'a démarré la voiture. Cette fête a été l'occasion de profiter de mon oncle, ma tante et mes cousines préférées lors de ce petit événement fort sympathique. Après avoir vu mes amies pour leur dire "à bientôt", cette visite clôture les aurevoirs. Mes larmes ont coulé à l'abris de leur regard. Quel ascenseur émotionnel ces dernières semaines.

Maintenant, de retour à la maison, c'est la dernière ligne droite. Je cartonne les dernières affaires qui attendent leur tour, remplis les caisses en plastique que je vais emmener avec moi. Et tout va s'enchainer !

 

 

1er juillet : que d'émotions !

Déjà 2 semaines que je suis arrivée au Lauzet. Je réalise à peine, car je n'ai pas arrêté une seconde !

Tout s'est déroulé de façon fluide, sauf pour ma petite Bianca qui a très mal vécu son déracinement de Vendée. Elle a été très perturbée pendant quelques jours. Heureusement, elle prends enfin ses repères dans son nouveau chez elle. Cela me rassure beaucoup.

Ce qui me rassure moins, c'est mon état d'esprit de ce jour. J'ai un gros coup de fatigue depuis ce matin. Je dors mal depuis mon installation. Je sais que je fais des rêves très compliqués, très anxiogènes. Je n'en ai pas forcément de souvenir, mais une sensation désagréable à chaque réveil nocturne. Ce mauvais sommeil a très vite un impact sur mon handicap. Peu de sommeil, peu de repos, beaucoup de fatigue cumulée et je n'y échappe pas, mon corps réagit et la déprime me guette.

Je suis épuisée, anxieuse, nerveuse, mélancolique. Bref que du négatif pour commencer cette nouvelle semaine. Impossible d'avaler quoi que ce soit depuis ce matin. Pourvu que je ne retombe pas dans mes travers de relation chaotique avec la nourriture.

Demain est un autre jour. Pourvu que je recouvre mes esprits ! Je vais prendre un anxiolytique ce soir. Je ne peux pas y déroger. J'ai hâte de me sentir apaisée. 

J'ai tant de questions qui me traversent l'esprit. Je ne parviens pas à le calmer. Je ne parviens pas à me concentrer plus de 5mn, que ce soit devant un film, devant mes cours, pendant mon ménage. Bref, quoi que je fasse dans cette journée est teinté d'anxiété et de mélancolie. Je déteste ces passages à vide, même si je ne suis pas surprise d'avoir plongée dedans la tête la première !

Je me suis imposée des challenges à réaliser depuis mon arrivée : 2 entretiens d'embauche réalisés, bien que sans succès, vidage des cartons rapidement, reprise des cours le plus vite possible, démarchage des cliniques vétérinaires pour mon stage.

Mais aujourd'hui, je n'ai pas pu. impossible d'être courageuse et de me rendre directement à la grande clinique vétérinaire de la Vallet qui se situe à Selonnet. Tout me parait insurmontable. Même les choses les plus basiques, comme de me rendre au lavomatique à Barcelonnette, tout ça car je ne sais pas si c'est possible de régler par CB ou s'il faut de la monnaie.

Cela peut vous paraître ahurissant de ne pas réussir à dépasser ces craintes ridicules. Pourtant, c'est autant de nouveautés qui se présentent à moi, que je dois affronter.

Mais pas aujourd'hui. Je n'ai pas pu. Je suis vraiment épuisée et ça me déprime beaucoup. De plus, je m'en veux et je suis déçue de moi de ne pas être allée à Selonnet pour présenter ma demande de stage. Pourtant, tout était prêt, CV à jour, lettre de motivation claire et concise. Il n'y avait plus qu'à !

Mais je n'ai pas réussi à passer le pas de ma porte. J'étais comme paralysée à l'idée de sortir de mon nouveau cocon. Et par quoi commencer : prendre mon courage à deux mains pour déposer mon CV à la clinique vétérinaire, me rendre à Barcelonnette pour mettre du carburant dans la voiture et la passer au rouleau tellement elle est sale.

D'ailleurs je ne me reconnais pas dans l'entretien de ma voiture. J'y ai toujours fait attention. Et là, c'est la cata. Je le dois au sable du Sahara, lors des périodes de pluie de la semaine dernière. J'ai honte de l'état de saleté de la carrosserie. Tout cela mis bout à bout et je m'effondre. 

C'est l'horreur. Je n'y arrive pas aujourd'hui. Je me suis mis trop de pression ces derniers jours. J'en paye le prix aujourd'hui.

Pourtant, j'ai passé de super journées avec ma sœur, son mari et leurs enfants. D'ailleurs, j'ai eu la responsabilité de m'en occuper pendant presqu'une journée, et c'était génial. Ils ont découvert à quel point je suis une cuisinière médiocre : pâtes jambon avec des pâtes trop cuites, sans fromage rapé ou ketshup. Ils ont été adorables et ont mangé toute leur assiette malgré tout. Trop choux.

Je crois et je dois admettre que j'ai besoin qu'on me prenne par la main pour aller à Selonnet et pour m'accompagner au lavomatique. C'est nul ! Je suis nulle !

Et je ne peux que subir ce manque de motivation et de courage. Quand je me retrouve dans cet état d'esprit, il ne me reste qu'à attendre que ça passe, essayer de ne pas avoir un regard trop négatif sur ce que je suis en ce moment et relativiser la non réalisation de mes challenges.

Il va falloir que ça change, malgré mes inquiétudes, mes angoisses et ma peur. C'est trop dur aujourd'hui. Je n'arrive à rien.

Demain sera peut-être une meilleure journée. Mais je devrai me décider : Barcelonnette pour laver la voiture ou Selonnet pour déposer mon CV. Je sais qu'elle est ma priorité. Mais je ne peux pas m'y rendre dans l'état dans lequel est ma voiture. Je veux faire bonne impression lorsque je serai sur le parking de la clinique vétérinaire. Tout ça tourne en rond dans ma tête sans parvenir à me décider. Et je finis par me dérober...

mercredi 10 juillet : la vie suit son cours

Et voilà, cela fait 3 semaines que je suis arrivée au Lauzet. Mon installation est enfin finalisée dans mon super appart. Plus de cartons par terre, plus de meubles à monter. J'ai bien travaillé !

Par contre, je mets à peine le nez dans mes cours. Je ne pouvais pas faire autrement certes, mais ma petite tête en avait décidé autrement. C'est sûr, qui est capable de mener de front, un déménagement, une recherche d'emploi ou de stage et les cours par correspondance ?!!. Bref, je me suis mis martel en tête pour tout faire. Et évidemment, ça n'a pas marché. Du coup, mon niveau d'anxiété fait du yoyo. C'est insupportable. Moi qui avais réussi à lever le pied sur les anxios, me voilà à nouveau devant ce dilemme : prendra, prendra pas ? soulagement mais culpabilité / fierté mais crises d'angoisse ? Et bien, j'ai jaugé le niveau d'anxiété pour avaler mon meilleur ennemie que lorsque je sentais que je ne parviendrais pas à gérer ma crise d'angoisse.

En plus, je commence à ressentir le contre-coup de tous ces derniers événements. Je suis épuisée. Je dors mal et peu. Alors je cumule beaucoup de fatigue. Je devrais m'écouter et lever le pied avant de me mettre en danger, mais je n'y parviens pas. Du coup, tout me semble insurmontable. Par exemple, j'ai apporté mon aide à la belle sœur de ma sœur pour être de permanence à son camping quand le besoin se présentait. Je n'ai cumulé que 2 jours consécutifs. Mais avec des horaires en décalé, la pression que je me suis imposée, j'étais totalement HS. Je ne pourrais pas réitérer l'expérience plusieurs jours d'affilé, c'est certain. Et je m'énerve toute seule à ne pas tenir le coup, car cela me ramène à mes mauvais souvenirs lorsque mon corps et mon esprit lâchent et que je m'effondre. Je sens que je suis borderline. Ca craint.

Heureusement, ma sœur n'est jamais loin. Je sais que je peux la solliciter si vraiment ça ne va pas. Et je n'hésiterai pas.

D'ailleurs, je compte sur elle, car nos parents m'offrent un lit pour compléter la chambre d'ami, et il faut aller à Gap, récupérer la camionnette réservée, retirer les colis, remonter au Lauzet, décharger les colis, retourner à Gap pour rendre la camionnette et, enfin, remonter au Lauzet... Rien que d'y penser, je suis crevée ! Et cela me parait insurmontable ! J'en ai marre de cette sensation. Il faut qu'elle cesse. Mais je ne sais plus comment la stopper.

Pour autant, j'ai le moral et la volonté. Je suis tellement heureuse d'être enfin proche de ma sœur, de ses enfants et de son mari. Ils sont tous si gentils avec moi !Je ne peux qu'être reconnaissante de tout ce qu'ils font pour moi. Et ce n'est que le début de cette aventure !

Vendredi 19 juillet : ma réalité me rattrape

Ca y est, le gros de la saison est lancée depuis la semaine dernière. Les campings du Lauzet font le plein. Et comme convenu, je donne de mon temps pour soutenir la gérante du camping du haut. Pour autant, dans ma tête, je devais faire des permanences de temps en temps. Et me voilà à être présente quasi tous les jours et pour de grosses journées, notamment celle qui a précédé le passage du tour de France. C'était corsé. Beaucoup de réservations à enregistrer, beaucoup de vacanciers tentant leur chance au cas où il resterait des emplacements disponibles...

Bref, cette journée m'a achevée. Pourtant, j'apprécie l'ambiance camping, le relationnel avec les vacanciers. Bon, un peu moins l'entretien des communs (wc et douches, lavabos, éviers etc), j'avoue. Et surtout, j'ai retrouvé cette complicité avec ma sœur, comme lorsque l'on travaillait ensemble en centre de vacances. Nous constituons un duo d'enfer !

Malgré tout, cette journée du 17 juillet m'a abîmée. Ma réalité m'a rattrapée. Cela faisait plusieurs jours que je faisais des permanences quotidiennes au camping, bien plus que ce que je m'étais fixée. Mais, je ne sais toujours pas dire non. Alors la gérante en a profité et m'a sollicitée toujours plus, jusqu'à ce que je m'effondre. Tous les éléments étaient réunis pour que je m'écroule : temps de travail, tensions, stress, pas de moment de répits. J'ai travaillé plus de 8h en une journée. Cela peut paraître tout à fait banal pour la majorité d'entre vous. Mais ça ne l'est pas pour moi. Je fatigue vite, très vite. J'évoluais dans un cercle d'anxiété : la peur de ne pas pouvoir répondre à une question de campeur, me tromper d'emplacement, me tromper lors des l'encaissements, commencer à faire quelque chose et être dérangée au point d'oublier la tâche en attente de finalisation, en référer à la gérante... En plus, je me dépêchais pour visualiser les emplacements réservés afin de pouvoir guider au mieux les vacanciers à leur bon emplacement. Je me suis imposée une pression telle que j'ai perdu pied peu à peu. Et bien évidemment, je ne pouvais pas compter sur ma mémoire, toujours défaillante. J'ai eu beau noter toutes les informations dont j'avais besoin sur une journée, ça ne m'aidait que peu, en raison des changements, ajouts, annulations de réservation dans une même journée.

J'étais déjà fragilisée depuis quelques jours, notamment par un manque de sommeil réparateur certain. Alors, lorsque j'ai débuté cette journée du 17 juillet, pour accueillir les vacanciers, entretenir les sanitaires (wc, douches, éviers pour la vaisselle...), répondre à tout type de question (la majorité en anglais - aie aie aie), je n'étais pas au mieux. Mon degré d'anxiété faisait des bons et a explosé quand j'ai sollicité une fois de trop la gérante de bon matin. Une vacancière m'avait interpelée au sujet de la machine à laver, car elle ne parvenait pas à ouvrir le hublot. J'ai couru chercher la réponse auprès de la gérante qui m'a mis un soufflante dans les dents !!!! J'ai commencé à me déconfire sur place. J'ai quand même réussi à apporter la réponse à la vacancière. Mais, il me restait encore tout l'après-midi à à tenir et à assurer...

Le camping se remplissait de plus en plus. La gérante bidouillait les emplacements pour pouvoir accueillir toujours plus de vacanciers. J'ai arrêté de compter les fiches d'inscription que je faisais remplir à chaque nouvel arrivant, sans parler des encaissements à enregistrer. J'étais épuisée. Au lieu de finir ma journée entre 18h30-19h00, j'ai débauché à 20h00. Ah, et petite précision, je ne suis pas salariée de ce camping Je suis juste sensée donner un coup de main si besoin (sans rétribution financière). Or, plus les jours passaient et plus j'étais sollicitée pour des permanences. Je ne peux pas continuer ainsi. Je n'ai plus de force, plus d'énergie, plus l'envie d'aider sous prétexte que c'est la famille.

Je dois apprendre à dire non. Et je pense que cela ne devrait pas être si compliqué du fait de mon état de fatigue et de mon degré d'anxiété. Car malheureusement, après la débauche de la journée du 17 juillet, je me suis effondrée chez moi. Crise de larmes, nerfs qui lâchent, crise d'angoisse... La totale. Or de question que cette réalité qui m'est revenue comme un boomerang s'installe de façon pernicieuse dans mon nouveau quotidien d'Ubayenne. Je dois me reprendre et me recentrer sur l'essentiel, enfin, mon essentiel. Donc, 1ère étape : me reposer et me préserver de toute onde négative qui pourrait m'entourer. J'y crois ! Je vais y arriver ! Je vais réussir à dire non !

samedi 27 juillet : trouver mon équilibre

La vie suit son cours. Déjà un mois d'écoulé en tant qu'Ubayenne ! Mon organisation quotidienne est balisée, ça y est. Et pour moi, c'est plus que nécessaire. Je déteste les imprévus, les surprises, tout ce qui chamboule mon quotidien. Il paraît que c'est un truc de bipolaire... Effectivement, lorsque je mets tout en œuvre pour avoir une vie la plus "normale" possible, j'ai besoin de mettre en place des repères, de baliser mon quotidien.

Je ressens chaque jour cette nécessité d'avoir le contrôle sur tout ce qui m'entoure. L'idée de reporter au lendemain une tâche à faire, un déplacement à effectuer m'angoisse énormément. Je me dois d'être productive dans une journée. Cette pression, somme toute inutile, a des répercussions sur mon bien-être psychologique, sur la qualité de mon sommeil. Même en vacances, je ne parviens pas à être sereine. Alors là, dans ce contexte de nouvelle vie avec tout ce que cela implique, mon niveau d'anxiété varie énormément. Ces derniers jours, je me retrouve dans la courbe haute, avec des bouffées d'angoisse assez fortes.

Je n'avale que très rarement ce fichu anxiolytique depuis que j'ai quitté mon emploi en juin dernier. Mais là, je ne parviens pas à gérer mes crises sans cette aide chimique. D'ailleurs, en ce moment même où je pose ces mots, je ne me sens pas au top. J'angoisse sur tout et n'importe quoi. Je suis, d'ailleurs, assez perdue, car, normalement, ce blog me permet d'évacuer. Mais là, il n'en est rien. Je perds le contrôle et ça me fait peur. Tout me parait compliqué, insurmontable. J'en ai marre, vraiment, de ressentir ce mal-être au quotidien. Je fais tout pour contrer cette fichue maladie, mais je perds beaucoup de terrain ces derniers temps. La qualité de mon sommeil en pâtit. Je dors peu et mal. Du coup, je cumule de la fatigue, ce qui est fortement déconseillé quand on est bipolaire. Le sommeil, c'est la base de tout. 

Pour autant, mon moral est bon. Etre proche de ma famille ubayenne m'apporte tellement ! Heureusement que cet  aspect de ma vie est si positif. Je m'y accroche de toutes mes forces pour palier le reste. Pour rien au monde je n'échangerais ma place. J'aime tellement chaque membre de cette famille. Grâce à eux, je n'oublie pas pourquoi j'ai changé de vie, et que les obstacles que je rencontre ou que je me crée ne sont que quelques grains de sable que je réussirai à balayer d'un revers de la main. A moi de trouver le juste équilibre pour contrer cette anxiété redoutable.

dimanche 1er septembre : houlala, que d'émotions !

Cela fait un moment que je n'ai pas publié sur mon blog... un mois ! Le mois d'août précisément.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce mois d'août n'a pas été un mois de vacances en ce qui me concerne. J'ai vécu camping, parlé camping, rêvé camping... avec un beau challenge, m'occuper du camping de mon beau-frère pendant 5 jours afin que lui, sa femme (ma sœur) et les enfants puissent partir quelques jours en vacances. J'ai été très touchée par cette marque de confiance. Du coup, je me suis mis la pression toute seule car je voulais que la famille soit fière de moi. Je pense m'en être bien sortie. Enfin je crois. Du coup, je suis en pleine décompensation, entre fatigue, règles imprévues et douloureuses, vertiges, paupières qui tremblent toutes seules, psoriasis qui s'étend de plus en plus... Pourtant, j'ai mis toute mon énergie à tenter de rester calme, à maîtriser mon anxiété. Mais, je me rends à l'évidence : que j'évolue dans un degré de stress élevé, ou, que je contrôle mes émotions, je dois y mettre toutes mes forces. Donc, je serais en décompensation d'un côté comme de l'autre. et ça, j'en ai assez. Ca me rappelle que l'équilibre que j'ai réussi à atteindre reste fragile. Il ne faudrait pas grand chose pour que je tombe. Pourtant, je me sens plus forte depuis mon installation au Lauzet. Alors, je ne sais plus trop où j'en suis. Je suis un peu perdue. Se sentir à la fois forte et fragile, c'est très étrange et perturbant. Je ne connais pas encore cette ambivalence d'émotions. Comment réagir, quoi faire pour calmer tout ça ? Je pense qu'il est temps que j'échange avec un professionnel. J'ai RDV demain matin au CMP de Barcelonnette, avec une infirmière, qui va déterminer si oui ou non je peux bénéficier d'un suivi psychiatrique au CMP ou si je vais devoir chercher dans le privé. Les joies du déménagement, trouver un médecin traitant, un psy pour ma part, un dentiste, un gynéco etc... Je verrai bien. Moi qui n'aime pas l'inconnu, je suis servie !

 

vendredi 22 novembre : c'est compliqué

Je me rends compte que cela fait un moment que je n'ai pas raconté la suite de mes aventures. Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que je n'y arrive pas. Cela fait maintenant 5 mois que j'ai déménagé. J'ai le contre-coup de tous ces changements depuis quelques semaines. Mais le sentiment de vide que j'ai à l'intérieur est là depuis bien plus longtemps. C'est un sentiment bizarre, qui aspire toutes mes forces vitales et psychologiques. Tant que je n'en n'aurai pas trouvé la cause je continuerai à décliner psychologiquement.

J'en ai parlé vite fait à ma sœur et à ma mère, tout en minimisant la situation pour ne pas les inquiéter. En revanche, je suis allée au fond des choses avec l'infirmière du CMP de Barcelonnette avec qui j'ai pu avoir un RDV en urgence. Et je l'en remercie car je suis sortie du RDV quelque peu soulagée.

Car oui, je ne vais pas bien et c'est très compliqué à admettre après tous les efforts que je fais au quotidien, les risques que je prends, les tentatives d'avoir une vie épanouie avortées... Je précise juste que ce n'est la faute de personnes. C'est toujours cette fichue maladie qui a pris le dessus. Je lutte contre elle le plus possible. Mais pour le moment, c'est elle qui gagne. Et ça me fait peur.

Ca m'angoisse terriblement car je dois être maître de moi-même d'ici 3 semaines pour une bonne raison : je reprends le travail pour la saison d'hiver. Je pense que cela va me faire le plus grand bien de me lever pour quelque chose et d'avoir une patronne au top. Je vais travailler comme vendeuse dans un beau magasin de vêtements à Praloup, dont la gérante est une amie de ma sœur pour qui j'ai beaucoup de respect. Je ne veux pas la décevoir. Donc, évidemment, je me mets la pression. C'est plus fort que moi. C'est comme un réflexe afin de donner le meilleur de moi-même et de ne pas décevoir.

En revanche, qui dit job saisonnier dit pas de boulot en clinique vétérinaire. Je relance celle de Selonnet depuis août car l'ouverture d'une antenne est prévue à Barcelonnette. Ce serait le plan idéal pour moi, mais je crois que j'ai échoué. Comme je déteste ce sentiment d'échec ! Il est si familier... malgré tout ce que j'entreprends.

Pour autant, je continue ma formation en distanciel pour être auxiliaire véto. C'est une formation de plus en plus complexe, bien plus approfondie par rapport aux missions d'une auxiliaire véto. Mais je m'en sors haut la main pour le moment. J'en suis à la moitié. Je devrais parvenir à tenir mes délais pour une fin, en juin 2025. A moi de garder cette motivation qui, pourtant, vacille ces derniers temps. Fichue dépression ! fichue bipolarité ! A part attendre que cette épisode se termine, je n'ai pas de solution alternative. Ca va aller.... Ca va aller... Ca va aller........

Lundi 13 janvier : altération de la perception de la réalité...

Quelle expression barbare ! J'ai eu mon RDV infirmier ce matin. L'infirmière et moi nous sommes rendu compte que je n'avais que quelques connaissances des symptômes de la bipolarité, enfin de la mienne. Alors qu'il y en a plein d'autres qui entravent mon quotidien, dont l'altération de la perception de la réalité.

Je mettais certains comportements, certaines réactions sur le compte de mes défauts. Mais non ! C'est aussi la maladie qui prend le dessus. Je ne sais pas si je dois m'en réjouir.

Déjà, j'ai ce qu'on appelle, des crises d'angoisse spontanées. C'est à dire qu'il n'y a pas de phénomène déclencheur. L'angoisse se manifeste n'importe où, n'importe quand. A priori, ce serait dû à des traumatismes anciens. Je veux bien le croire. Mais après plus de 10 ans de psychanalyse, je n'avais jamais abordé ce point de cette façon. Et pour être honnête, je ne ressens ni le besoin ni l'envie de me replonger dans une psychothérapie pour appuyer une fois de plus sur ce qui fait mal.

Ce dont j'ai le plus besoin à ce jour, c'est de comprendre toutes les manifestations de ma bipolarité. Et il y a de quoi faire !

Qu'est ce que l'altération de la perception de la réalité ? Et bien c'est aussi simple qu'un bonjour. Je vois soit tout en noir, comme un voile sombre qui se pose sur mes yeux, soit tout au beau fixe où je chausse mes lunettes de positivité. Il n'existe pas de juste milieu. Une simple petite mauvaise nouvelle ou expérience et le voile noir s'installe. Je perds confiance, je remets tout en question, je ne crois plus en rien. Dans ma tête, tout est foutu, tout me paraît insurmontable, même le simple fait d'aller me promener toute seule dans mon village. Ma vision de la réalité est alors altérée. Impossible de penser à des choses positives, même celles que j'ai entrepris ces derniers mois. Rien ne me vient à l'esprit, autre que de la négativité. Les mauvais souvenirs ou anecdotes se bousculent. Il n'y a pas de place pour autre chose.

C'est dans cet état que je me retrouve aujourd'hui. Juste parce que j'ai reçu une réponse négative à ma candidature spontanée d'auxiliaire vétérinaire pour la future clinique vétérinaire de Barcelonnette. Je n'ai pas de plan B alors j'ai cette impression que tout s'écroule, que je n'arriverai pas à me relever, que je suis nulle, que je n'ai pas de solution pour me sortir de ce cercle infernal. que mon projet professionnel est foutu. Du noir, du noir et encore du noir.

Je n'ai pas encore abordé les méthodes ou clés pour apaiser mon esprit avec l'infirmière. Nous verrons cela lors de notre prochain RDV. Ce RDV promet d'être riche en émotions ! Je prendrai des kleenex avec moi, à tout hasard...

J'ai juste "un devoir à faire", d'ici là. Je dois faire un planning de mes différentes tâches et projets prévus sur une semaine. J'ai besoin que mes semaines soient carrées. A chaque jour, une action et je ne dois pas y déroger sinon j'angoisse. Par exemple, je passe l'aspirateur serpillère le jeudi. Si je décale, je suis déçue de moi et j'angoisse.

Ce planning me permettra de prendre du recul sur le ridicule de la situation et d'intégrer un plan B à chaque situation. Non, je ne dois même pas utiliser ce terme "ridicule". Là, c'est la maladie qui parle. Elle est décidément bien bavarde !

Voilà où j'en suis aujourd'hui. C'est une période sombre... A suivre

jeudi 06 mars : RDV psy et challenge

Aujourd'hui j'avais mon RDV trimestriel avec mon psychiatre du CMP. J'apprécie beaucoup ce "papy" qui ne partira en retraite que lorsque le CMP trouvera un remplaçant. A mon avis, il ne va pas partir de sitôt ! 

Bref, ce que j'apprécie avec ce spécialiste c'est qu'il ne réduit pas nos RDV à une simple ordonnance. Il prend le temps de parler, d'échanger, de chercher des solutions selon mes problématiques. D'ailleurs, mes crises d'angoisse spontanées le turlupinent. Elles seraient dues à d'anciens traumatismes. OK, mais pour autant, je ne replongerai pas dans une psychothérapie. J'en sors. Et voilà le résultat. J'ai creusé creusé dans mon enfance, adolescence et âge adulte. Effectivement cela m'a permis de pointer des événements marquants qui font de moi ce que je suis aujourd'hui. Ca, c'est fait. Pour autant, cela n'a pas eu l'effet escompté sur mes crises d'angoisse. A moi d'apprendre à les gérer mieux que ce que je fais jusqu'à présent. C'est loin d'être gagné car il y a des certains éléments physiques que je ne peux cacher, comme mes tremblements et un excès de transpiration.

Du coup, mon psychiatre m'a proposé d'augmenter l'Abilify (régulateur d'humeur) car j'ai déjà un traitement de choc en terme d'anxiolytiques. En plus, mon organisme est très certainement habitué à l'un d'entre eux, le Temesta. Il faudrait alors augmenter son dosage. A voir.

Déjà, avec cette modification, j'espère que mes crises d'angoisse vont se calmer, être moins présentes et moins fortes.

Et puis, nous avons discuté de tout et de rien sur mon quotidien. Il m'a félicité pour mon moral qui semble au beau fixe et de façon constante. Si tel est le cas, lors de notre prochain RDV, il baissera sûrement le prozac dans l'objectif de l'arrêter. Quelle victoire ! Je ne suis pas peu fière, car c'est du travail et de la persévérance que d'en arriver là.

Il m'a demandé ce que je faisais de mon quotidien à part travailler. J'ai fini par lui parler du blog sur ma bipolarité. Il a trouvé ça génial. Je lui ai expliqué la finalité de cette démarche. Ce n'est en rien un outil pour me plaindre, pour chercher de la compassion ou des compliments, mais bien pour alerter et toucher les lecteurs sur ce qu'est une vie de bipolaire, sachant que chaque bipolaire vit sa maladie à sa façon avec ses propres éléments déclencheurs, sa propre histoire etc. Ce que je délivre ici, c'est ma vie de bipolaire avec mon parcours, mes choix, mes défaites, mes handicaps, mes victoires... Du coup, mon psychiatre s'est emballé et m'encourage à écrire un roman sur ma vie de bipolaire. Pas une autobiographie mais bien un roman.

Je vous avoue que c'est une idée que me trotte dans la tête depuis très longtemps, mais je n'ai jamais osé aller plus loin que ce blog. Je pense que le côté autobiographique me bloquait. Mais l'idée d'un roman me plait énormément.

Et vous, qu'en pensez-vous ? Ai-je assez de talent pour me lancer, assez de courage ? ...

Samedi 12 avril : des projets et encore des projets

Et voilà, la saison d'hiver est terminée. Ce fut une super expérience. J'ai eu la chance d'avoir une responsable en or, qui, je pense et j'espère, est devenue une amie. Elle sentait lorsque j'étais fatiguée, me rassurait lorsque l'angoisse me prenait. C'était facile à détecter car j'avais des bouffées de chaleur et une transpiration excessive. Elle ne m'a jamais jugée. J'ai ainsi pu lui expliquer ce qu'était ma bipolarité en toute confiance. Un grand merci à elle pour m'avoir donné ma chance dans son magasin et pour sa patience et sa compréhension. Une femme en or !

Maintenant que la saison d'hiver est achevée, j'ai besoin de nouveaux projets. Je cherche du travail activement. J'ai essuyé pas mal de refus dans la branche animal. Et cette semaine, enfin une bonne nouvelle. J'ai du travail pour la saison d'été, jusqu'au 22 septembre. Je vais m'occuper du musée de ma commune. Et oui, il existe un musée dans ma commune ! Quatre mois intense (ou pas trop, tout dépend du taux de visite). Pas de temps partiel et un seul jour de repos par semaine. J'espère que je vais tenir le coup. Ca fait tellement longtemps que je n'ai pas travaillé à temps plein. J'appréhende un peu.

Je dois tout anticiper pour être prêtre pour mon 1er jour, le 18 juin prochain. Coiffeur, esthéticienne, et surtout ménage de printemps ! J'ai tout le mois de mai pour m'y atteler. Je dois également terminer ma formation d'ASV. J'en vois le bout car il ne me reste que 2 thématiques à étudier et 4 devoir à faire.

Pour autant je réfléchis à l'après saison d'été. Je recherche un emploi pérenne malgré tout.

Ma soeur et une amie m'ont suggéré 2 possibilités qui me semblent intéressantes et qui me correspondraient assez. Alors je prends les choses en main et me renseigne sur ces 2 potentiels projets. Je n'en dirai pas plus pour le moment (je suis superstitieuse).

Avec tout ça, je ne me suis pas rendue compte d'une chose somme toute importante : comment je vais ?

Cette réponse, je l'ai formalisée lors de mon RDV infirmier. JE VAIS BIEN ! Je m'en donne les moyens. La modification de mon traitement aidant, JE VAIS BIEN !

J'ai beaucoup moins de crises d'angoisse spontanée, un peu de stress constant. Mais dans l'ensemble tous les feux sont au vert pour m'accomplir. Ca donne le vertige car je ne sais pas faire quand j'évolue dans la positivité. J'espère que je ne vais pas tout gâcher. 

Les amis, JE VAIS BIEN !

Mardi 06 mai : fragile

Je consultais le programme télé pour choisir ce que j'allais regarder. M6 a réalisé un reportage sur les maladies mentales. C'est une émission que je ne dois pas rater ! Pourtant, j'hésite. Je suis tombée sur le teazing et je n'ai pas compris ce qu'il m'arrivait. Je me suis effondrée en larmes, comme si je réapprenais le diagnostic qui m'a été posé en 2019.

Ce désespoir que j'avais ressenti à cette annonce est revenu me frapper comme un boomerang. Car oui, souvent, je n'en peux plus de ce handicap. D'avaler les cachets et des cachets, de devoir composer avec les effets secondaires...

Qui souhaiterait prendre 35kg en moins de 2 ans ? Qui se sentirait à son aise avec des bouffées de chaleur et une transpiration excessive qui vous fait vous transformer en éponge imbibée de liquide ? Qui s'amuserait de ses propres tremblements incontrôlables et quotidiens ? Qui se vanterait d'avoir des coups de fatigue à s'endormir sur place plusieurs fois dans une journée ? Qui voudrait me prendre ce handicap quelques jours pour que je puisse souffler un peu ? De toute façon je refuserais car je sais le poids de la bipolarité, des troubles dysthymiques, de la spasmophilie et de l'hypersensibilité qui font une partie de ce que je suis.

En toute franchise, je croule souvent sous ce poids. Et je culpabilise, car il n'y a pas mort d'homme, comparé à d'autres maux, maladies, handicaps. Peut-être que je m'en sors bien finalement ? NON je n'en sors indemne. Je me fous de ceux qui se permettent encore de me dire qu'il y a pire comme le cancer, la faim dans le monde, la guerre en Ukraine, etc

Ce teasing d'émission m'a totalement chamboulée. Je comprends alors que je reste fragile malgré tous mes progrès. Ce qui m'a été confirmé lors de mon entretien infirmier de lundi dernier. Effectivement, j'ai plus de courage pour avancer, faire des projets, m'autoriser à faire des choses. Mais, je le paye cher. Je suis encore en phase de décompensation depuis mon retour au Lauzet après mes vacances en Vendée, riches en émotions. Positives ces émotions, je préfère le préciser. Mais ça fait beaucoup, entre le stress du voyage, les retrouvailles avec mes parents et mes amies vendéennes, le spleen du départ... Je le paye cher. Je cauchemarde toutes les nuits, j'ai des vertiges toute la journée et de gros coups de fatigue dus à mes courtes nuits intenses en émotion.

Bref, je ne suis pas dans un bon jour. Tout ça à cause d'un teasing ! Pour autant, je regarderai cette émission. J'ai besoin de prendre conscience une fois de plus que je ne suis pas toute seule à batailler pour avoir une vie dans la normalité attendue. Au pire, je zapperai sur Koh Lanta.

Mercredi 04 juin : plasticité cérébrale

Houla ! quels termes barbares ! Mais pour dire quoi ?

Selon la fondation pour la recherche sur le cerveau, notre cerveau est plastique. C'est à dire qu'il est capable de modifier afin de créer, défaire et réorganiser ses réseaux neuronaux. Aussi, le cerveau est capable de se réorganiser pour compenser un trauma par exemple, quel que soit l'âge. Il s'adapte tout au long de notre vie.

Bref, tout cela pour vous expliquer une cause et un effet de ma bipolarité évoqué avec mon infirmière du CMP. Depuis le déclenchement de ma bipolarité et peut-être même avant, mon cerveau manque d'élasticité. C'est à dire que je ne supporte pas le changement, que j'établie mes propres règles de vie, un planning de tâches à faire sur une semaine, un mois, 6 mois... Je dois m'y tenir sinon, je déclenche une crise d'angoisse. C'est le manque d'élasticité de mes neurones. Un changement dans mon organisation (celle que je me contrains sans raison à part celle de vouloir tout anticiper, contrôler) et c'est le drame. J'ai des sueurs froides, je tremble, mon cœur palpite dès que je tente de reporter l'une de mes tâches. Cela peut vous paraître exagéré mais c'est comme cela que je vis depuis aussi longtemps que je me souvienne. J'ai besoin que ma journée soit productive pour être satisfaite de moi. Mais les choses ne se passent jamais comme prévu.

Il peut s'agir de tâches quotidiennes comme passer la serpillère. Chez moi, c'est prévu le jeudi matin : aspirateur à fond et serpillère. Le samedi matin, c'est le nettoyage des litières et la descente des poubelles - même si elles ne sont pas pleines - dans les containers prévus à cet effet, le vendredi matin c'est changement des draps et nettoyage de la salle de bain, etc. En fait chaque chose du quotidien qui peut vous sembler anodine est pour moi un challenge. Et oui, car lorsque je suis en phase dépressive, je ne parviens plus à exécuter mes tâches. C'est un cercle vicieux car j'angoisse, la honte monte en moi de ne pas réussir à me mouvoir et à accomplir mon programme du jour. Je vois tout en noir et je nourris ma dépression. J'appréhende tellement ces phases négatives !

Pourtant réfractaire au changement, je ne fais que ça. Entre les changements de boulot, mes déménagements successifs (ceux avec mes parents et les miens toute seule),  je ne ménage pas ma plasticité cérébrale. Je le ressens beaucoup plus depuis mon installation au Lauzet. Et oui, je ne m'épargne pas. Je ne parviens pas à établir un planning régulier car je ne le respecte pas. Je ne le respecte pas car il y a toujours une donnée inconnue qui prend le dessus, et ce parce que je le veux bien, comme aller chercher mes neveux au collège, récupérer ma nièce au car, les changements d'emplois du temps d'un boulot à l'autre...Je me lance plein de défis depuis presqu'un an. En ça je récupère de l'élasticité de mes neurones, qui apprennent à s'adapter, à rebondir, à transformer. 

Il faut nourrir ces neurones. C'est comme un sport de compétition. Je commence juste à en prendre conscience, à comprendre comment ça marche, à ne plus être spectatrice de mes angoisses. C'est un grand pas en avant que je souhaitais partager avec vous. 

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